jeudi 19 juillet 2007

Critique "The World’s Fastest Indian"

The World’s Fastest Indian
de Roger Donaldson
2006

Paru dans l’hebdo ICI Montréal


LA COURSE CONTRE L’ÂGE

The World’s Fastest Indian passe le test de l’acteur usé (Anthony Hopkins) et du titre pas sexy. Quand l’expérience se met au service du divertissement.


Évitons toute confusion d’entrée de jeu : l’Indien véloce du titre ne se rapporte ni à Atarnajuat, l’homme rapide, et encore moins à Nanu, « le plus grand athlète du monde » personnifié par l’immortel Jan-Michael Vincent dans les années 1980. Il fait plutôt référence à la motocyclette Indian Twin Scout, modèle mis sur le marché dans les années 1920, qui n’aura eu qu’un sursaut de notoriété en 1967 lorsque le Néo-Zélandais Burt Munro la poussa jusqu’à des limites encore inégalées dans le désert de sel de l’Utah et entra dans la légende.


Natif des mêmes contrées que son personnage principal, le cinéaste Roger Donaldson connaissait bien Munro, ayant déjà réalisé le documentaire Offerings to the God of Speed à son sujet en 1972. Il a donc connu personnellement le bonhomme, sorte de vieil excentrique à la fois solitaire et capable d’éveiller l’amitié de n’importe quel quidam, et a pu diriger Anthony Hopkins, vieux singe s’il en est (devenu) un, dans les mêmes retranchements débonnaires que ceux du coureur et mécano.


Dans les années 1960, plus personne ne croit aux rêves de vitesse du retraité et éternel célibataire Munro, habitué à dormir dans son garage auprès de sa vieille moto. À la suite d’une crise d’angine, le coloré personnage quitte pays et amis en direction des lointaines plaines de sel de Bonneville, pas loin de Salt Lake City. Sur son chemin, Munro croise des marins, une tenancière transsexuelle, un vendeur latino de voitures usagées, un Amérindien et sa famille vivant dans une roulotte, un jeune soldat prêt à retourner asperger les Vietcongs d’Agent orange et finalement la petite horde d’amants des compétitions de vitesse en bordure du désert de sel. Si tous le regardent d’un œil inquiet lors de leur première rencontre, Munro gagne leur estime et leur aide momentanée grâce à une empathie doublée d’un accent néo-zélandais redoutablement opaque.


Après un lent démarrage épisodique, The World’s Fastest Indian prend son aire d’aller pour ne jamais quitter sa vitesse de pointe. Avec humour et savoir-faire, le film ne rencontre aucun temps mort. Chaleureux et cabotin, comme Munro.


© 2007 Charles-Stéphane Roy