jeudi 19 juillet 2007

Critique "Hair High"

Hair High
de Bill Plympton
2006

Paru dans l’hebdo ICI Montréal


ROCK AROUND THE COCK

Le dessin animé Hair High ne monte jamais très haut, mais conserve sa vigueur plus longtemps que la moyenne.


De Bill Plympton, il faut s’attendre à tout. Des mutants, de la violence surréaliste, des blagues salaces et surtout une insurmontable libido. Tout ce qui bouge est sexuel chez l’animateur, et, à bien y penser, même ce qui ne bouge pas finira bien par se remuer un peu. Son 7e long métrage n’arrange rien à l’affaire, bien au contraire, mais l’érection de cette nouvelle œuvre ne fait jamais ombrage à sa force vitale : le scénario. Sous ses faux airs de « date » entre American Graffiti et Brain Dead, Hair High capte autant l’attention par ses rebondissements dingues et généreux que son écriture maîtrisée et jamais à court d’absurdités. Trouver un filon logique derrière ce foutoir à tripes ouvertes a peu d’importance face au réel enjeu du film : faire exploser le laid du beau, et respecter en tout point la charte du mauvais goût. Pas déplaisant du tout.


Rod et Cherry sont les Joey Tardif et Jano Bergeron de cette épopée moche, le couple royal pressenti pour illuminer le bal des finissants d’une école secondaire des années 1950. Mais Spud, le nouveau souffre-douleur de Rod, convoite Cherry en jouant la carte du type ordinaire-mais-dévoué. La suite de l’histoire enjambe le minimum vital de morts-vivants, de courses d’auto, de mascottes lubriques, de Barbapapas interstellaires et autres calamités requises pour faire rougir les âmes prudes. Tout ça en gluant-o-rama, svp.


Plympton confirme ici un style et un ton dans l’esprit des mangas sans jamais évaporer ce doux fumet de gomme balloune et de burgers. Plus concis que les délires de Masaaki Yuasa (Mind Game) et moins chevaleresque que ceux de Tim Burton, Hair High est avant tout le produit d’un esprit de profanation propre à une génération dont fait également partie Matt Groening, le père des Simpsons, qui a prêté sa voix au film. Comme John Waters ou David Lynch, Plympton voue une fascination à l’imagerie des années Eisenhower pour mieux la pervertir et, sans vraiment chercher la provocation, à se l’approprier complètement. Du genre à sourire plus grand pour mieux montrer ses caries ; c’est bête, mais ça se refuse difficilement.


© 2007 Charles-Stéphane Roy