jeudi 19 juillet 2007

Critique "La classe de Madame Lise"

La classe de Madame Lise
de Sylvie Groulx
2006

Paru dans l’hebdo ICI Montréal


LES NOUVEAUX AU TABLEAU
La classe de Madame Lise nous apprend le B-A BA de l’intégration multiculturelle.


Dans le quartier Parc-Extension, Rafik, Solace, Rahat, Jessica, Adonay et bien d’autres s’apprêtent à vivre leur première année sur les bancs d’école d’une classe québécoise. Comme plusieurs enfants d’immigrants, ils auront à apprendre de nouveaux codes sociaux et, entre deux leçons, se faire des amis qui ne partagent pas la même culture qu’eux.


Accueillir, comprendre et se faire comprendre de cette ribambelle d’enfants toutes cultures confondues est le défi que Lise Coupal relève rentrée après rentrée. La cinéaste Sylvie Groulx (Qui va chercher Gisèle à 3h45 ?, À l’ombre d’Hollywood) a suivi l’enseignante pendant 10 mois à observer les comportements de ses 19 élèves en immersion totale – culturelle, sociale, intellectuelle, émotive.


Madame Lise incarne le professeur de primaire québécois typique : rigide, maternante, familière, autoritaire. Elle gère ses troupes avec l’aplomb et le cœur de celles qui ne s’en tiennent pas qu’au programme du Ministère pour implanter par tous les efforts possibles l’estime de soi et l’apprentissage par le jeu et l’entraide. Le film la montre au tableau, à quatre pattes, dans une tempête de neige et même entre les sacs de couchage des écoliers durant une nuit blanche : enseigner est une tâche de tous les instants et toutes les attentions.


Sylvie Groulx a capté quelques-uns des moments qui rendent une année scolaire inoubliable en concentrant son regard sur ces interactions propres à la vie en groupe tout en promenant sa caméra buissonnière dans l’intimité de certaines familles où les parents deviennent à leur tour élèves de leurs enfants, qui ont à traduire en français les consignes et devoirs scolaires à leurs aînés plus portés sur l’anglais à leur arrivée au pays.


En favorisant le pragmatisme de cette prise en charge, Groulx a volontairement atténué les tenants du multiculturalisme scolaire et les effets des multiples réformes en la matière pour ne garder au programme que l’évolution affective et cognitive des jeunes arrivants ; en résulte un film attachant, plus proche du docu-réalité que du cinéma-vérité.


© 2007 Charles-Stéphane Roy