jeudi 19 juillet 2007

Critique "Agents Secrets"

Agents Secrets
de Frédéric Schoendoerffer
2004
Paru sur le site Infoculture.ca


Retour en force du polar français


Il fut un temps où le cinéma français excellait à repiquer les thèmes et personnages du film noir américain, centrés autant sur les fripouilles de banlieue que les complots politiques. C’était il y a plus de vingt ans, et depuis, les Asiatiques ont pris la relève. Mais puisant à son tour dans la filière japonaise, la France se remet lentement au genre pour mieux le pervertir encore. Tant mieux, ça nous aura manqué.



Le plus récent film de Frédéric Schoendoerffer s’affaire dans les coulisses du pouvoir et des ramifications de plus en plus exiguës entre les services d’espionnage internationaux. À partir du trafic d'armes et de diamants panafricain, le cinéaste cultive une réflexion sur l’amoralité de la machine du renseignement et de l’abnégation subie par le dernier maillon de la chaîne, les hommes et femmes de main. La simplicité reste ici le mot d’ordre, d’autant plus que Schoendoerffer manipule une importante quantité d’explications et de perspectives entourant le Service secret.



On retrouve incontestablement la marque des grands du genre, celle de Melville, Lautner, Mocky, Costa-Gravas ou du Corneau de la belle époque, pour notre plus grand plaisir. Si le récit s’essouffle un peu vers la fin par un nombre significatif de récits successifs, Agents Secrets tient le spectateur entre les câbles par la grande qualité des dialogues et le réalisme des situations, sans compter le brio d’un Vincent Cassel se découvrant des scrupules en cours de route, et de l’omniprésent André Dussollier, qui avec l’âge partage de plus en plus le timbre, la physionomie et le charisme de Jean-Paul Belmondo.


Divertissant et efficace, Agents Secrets aide à prendre notre mal en patience en espérant qu’un distributeur québécois se mette ensuite sur la piste du 36 Quai des Orfèvres de Olivier Marchal, dont la rumeur favorable et les multiples nominations aux Césars attisent déjà nos attentes.


© 2007 Charles-Stéphane Roy