mardi 17 juillet 2007

Critique "Supercross: The Movie"

Supercross: The Movie
de Steve Boyum
2005
Paru dans l’hebdo ICI Montréal


au prix de l’essence...

Les bons films sur le sport se comptent sur les doigts d’une seule main. Avec l’autre, on se bouche les yeux devant Supercross: The Movie.


Des gros bras, des tatouages, des casquettes la palette pointant vers le sud et des filles en camisole: le motocross, c’est pas pour les moumounes, c’est pour les vrais gars, et ceux dans Supercross: The Movie répondent aux noms de K.C., Trip, Rowdy, Earl ou Clay. Ça donne déjà une idée de ce qui attendent les mordus du bruit et de la poussière en manque depuis The Fast & The Furious. Aux États-Unis, le circuit itinérant NASCAR est roi et génère presque autant de tailgate partys que le football. Il n’en fallait pas plus pour que les promoteurs de moto de brousse investissent les multiplexes à convertir ce qui reste d’incultes de 10 à 35 ans en vue de leurs jamborees hebdomadaires.


C’est ainsi que Motor Sports s’est adjoint les ressources de l’empire Clear Channel Entertainment (les comédies musicales sur Broadway, les mégamesses de l’évangéliste Bill Graham et la gérance d’Andre Agassi, même adresse) pour produire ce divertissement primal autour des rallyes sur deux roues en stade. On imagine qu’assister à une authentique étape du tour doit comporter son lot de surprises et d’accidents spectaculaires; au cinéma, c’est à un défilé de chaînons manquants que Steve Boyum, ancien cascadeur devenu réalisateur (Meet the Deedles, l’une des jaquettes les plus rebutantes que l’on puisse retrouver à votre club vidéo), nous convie. Deux frères lookés par la styliste de Dukes of Hazzard font des pieds et des mains pour accéder au circuit de supercross (vous expliquer la différence avec le motocross ? même les deux scénaristes n’y ont pas pensé), quitte à passer sur le corps de leur frangin ou celui de leurs deux admiratrices de chevet.


Le reste n’est que ralentis banals de bolides en l’air, garnotte dans l’objectif et hymnes de circonstance à l’appui – nu-métal avant les courses, alternatif adulte après les chicanes filiales et rock symphonique ‘inspirant’ dans le dernier droit. Pour les fans de gros noms, maigre butin : ça va de l’ex-Terminator Robert Patrick à Aaron Carter, frère cadet du blondinet des Backstreet Boys. Pour les autres, rien de rien.


© 2007 Charles-Stéphane Roy