jeudi 19 juillet 2007

Critique "The Omen" (2006)

The Omen
de John Moore
2006

Paru dans l’hebdo ICI Montréal


HORREUR ET DAMNATION

Le 9 septembre 2001, l’Irak, les raz-de marée, un remake de Omen : l’Apocalypse serait-elle réellement à nos portes ?


Essoufflée, l’horreur à l’américaine? Alors que le genre ne cesse de s’autodigérer, préférant les remakes aux productions originales, les statues de l’épouvante continuent à se faire déboulonner à toute allure, sans autre égard que celui de tabler sur les carcasses des classiques révolus. Psycho, Texas Chainsaw Massacre, bientôt un nouveau The Birds : ne respecterions-nous plus les idoles, mêmes les plus poisseuses ?


L’idée de reprendre The Omen tient tout seule dans un seul concept marketing : sa date de sortie. Hollywood, qui aime autant les chiffres rond des calendriers que des recettes aux guichets, n’allait pas laisser passer la chance d’exploiter à nouveau le nombre de la Bête. Lancée le 6 juin 2006 (06/06/06), cette histoire d’Antéchrist et de malédiction, passablement plus ringarde que ses lointains prédécesseurs The Exorcist et Rosemary’s Baby, coïncidera avec le 30e anniversaire de sa première ébauche, exploration grand-guignolesque sur l’incarnation du Mal dans le corps de Damien, le gamin au regard qui tue.


Malgré ses effets bidon et son symbolisme de conventions gothiques, le Omen de 1976 affichait néanmoins un tiercé diaboliquement efficace composé du solennel Gregory Peck, de la criarde Lee Remick (Experiment in Terror) et de l’infâme David Warner, dans un de ses rares rôles… de gentils ! Le succès immédiat au box-office du film engendra deux autres suites (Damien devenu ado puis ensuite adulte) et un inutile téléfilm dérivé de l’intrigue originale.


Revoilà donc Damien, enfant maudit né d’un chacal et adopté selon un subterfuge par les Thorn au terme d’un accouchement malheureux. Cinq ans après sa naissance, Damien est toujours le petit prince de ses parents, couple fortuné dont le mari, le diplomate Robert Thorn, vient d’être nommé Ambassadeur des États-Unis en Angleterre. Pour protéger ses intérêts terrestres, le Vilain envoie à Satan Junior un chien de garde aux yeux de feu et une inquiétante nounou. Les morts s’accumulent autour de Damien… La prophétie se réalisera-t-elle à nouveau ?


On aurait certes pu profiter de l’occasion pour remanier les cartes, ajuster les dialogues, complexifier l’intrigue et peaufiner les effets spéciaux. Mais en engageant David Seltzer, le scribe du film original, et John Moore, réalisateur besogneux de Flight of the Phoenix et Behind Enemy Lines, il était clair qu’on visait plus une mise à neuf du classique de ’76 qu’une relecture en profondeur. Qu’importe alors qu’on lance les pointures David Thewlis, Pete Postlethwaite et Michael Gambon dans l’arène si l’entreprise entière est placée sous le signe de l’hommage scrupuleux ?


Ce nouveau Omen manque cruellement de foi envers son histoire et d’un esprit de profanation qui aurait pu créer la surprise et jouer sur les attentes des vieux fans. Restent Lieb Schreiber (Manchurian Candidate), qui confirme sa relance professionnelle dans les remakes, et l’écho de quelques motifs de la partition de Jerry Goldsmith, unique vestige d’importance de cette abracadabrante saga de série B.


© 2007 Charles-Stéphane Roy