mercredi 18 juillet 2007

Critique "Weather Man"

Weather Man
de Gore Verbinski
2005
Paru dans l’hebdo ICI Montréal


CERTAINS ORAGES PASSENT PLUS INAPERÇUS QUE D’AUTRES

À tutoyer si souvent le malheur, le Weather Man prend presque plaisir à tendre l’autre joue. Ça enrage et puis ça agace, faute d’éclaircies.


Nicolas Cage a l’habitude de péter les plombs, et il fallait s’attendre à ce qu’un acteur aussi imprévisible foute le bordel juste ce qu’il faut dans le rôle d’un météorologue télé comme ce Weather Man. Comment se fait-il alors que le film ennuie à ce point, faute de ressorts dramatiques, faute d’entrain, faute d’une absence flagrante de direction ? Après les flamboyances de Pirates of the Carribean, le cinéaste Gore Verbinski avait sûrement envie de changer de palette et d’explorer le gris de la vie, mais force est de constater que la seule ambiguïté de ce Weather Man hésite entre l’ennui et la déprime. À moins que la désincarnation généralisée de l’ensemble ne cache d’insoupçonnables niveaux de lecture trop imperméables à la lassitude…


Pas facile, la vie de météorologue ? Parlez-en à David Spritz (Cage), qui ne fait plus ni la pluie ni le beau temps à la télé de Chicago depuis sa pénible séparation avec son incontrôlable épouse (Hope Davis) et son incapacité à générer quelque intérêt que ce soit avec son vieux père malade (Michael Caine). Imaginez auprès du pauvre spectateur : le type passe son temps à se morfondre et à philosopher sur son incapacité à renverser les situations à son avantage tandis que sa fille boulimique fume en cachette et ne s’intéresse à rien et que son frère aîné doit composer avec les avances de son orienteur scolaire. Comme si ce n’est pas assez inconfortable comme ça, Spritz refuse sa notoriété auprès de passants qui finissent par lui lancer du fast food par la tête. Encore moins facile de ne pas s’exaspérer des lâchetés et de l’incompétence du personnage à se sortir de son bourbier social, même dans un dernier tiers en forme de fausse réconciliation avec l’univers en général et ses petits malheurs en particulier.


Véritable bouquet de pétales mouillés, le dénouement de Weather Man se refuse tout courage et affronte le changement sur les talons, en concluant haut et fort qu’un nouveau job offert sur un plateau d’argent est ce qui peut arriver de mieux à un gars qui ne trouve plus de sens à sa vie. Mauvaise prédiction.

© 2007 Charles-Stéphane Roy