jeudi 19 juillet 2007

Critique "These Girls"

These Girls
de John Hazlett
2006

Paru dans l’hebdo ICI Montréal


MŒURS ET TRIO

These Girls, ou l’adolescence au temps des Libéraux.


Co-production interprovinciale, équipe technique et casting bilingue : le devis de These Girls est proprement canadien. Quant au contenu… on est très, mais alors là très loin de ce que Hollywood filtre dans ses bluettes pour adolescentes pour sensibiliser les citoyennes de demain. L’exception canadienne que tente de définir et promouvoir la feuille d’érable dans ses territoires anglophones passerait-elle par une lecture jusqu’au-boutiste de ses mesures sociales ?


On serait tenté de répondre par l’affirmative à la vue du second film de John Hazlett (Bad Money, passé sous le radar au Québec) et de sa prémisse en tire-bouchon. Trois adolescentes tentent de meubler leur dernier été ensemble en séduisant le Beau Brummel du village, devenu un trentenaire désabusé par un ménage inexistant, une progéniture sous les bras et une maisonnette au clapboard fatigué. Mais comme cette histoire se déroule dans le plusse ouvert pays du monde, le motard sur la touche cultive de la marijuana dans sa cour en assumant la garde sexuelle partagée du trio de ces jeunes filles toutes plus mineures les unes que les autres tandis qu’on s’échange les jurons et les bouteilles de bière perdues au vol. Blame Canada, s’époumoneront nos voisins du Sud.


On serait porté à croire que la pièce d’origine écrite par Vivienne Laxdal a fait sa marque au théâtre grâce à un souhaitable désir corrosif de mettre à jour les émois d’une jeunesse rurale aux prises avec une liberté sexuelle précoce. L’adaptation qu’en a tiré Hazlett s’est toutefois abstenue de verser dans la morale au point de désamorcer n’importe quelle audace qu’aurait pu soulever l’émancipation de ses héroïnes.


Là où Sisterhood of the Travelling Pants confrontait les désirs de collégiennes comme une étape vers l’affirmation de soi et la maturité, These Girls vide la question sexuelle comme une péripétie estivale de valseuses bercées par les rites post-secondaires d’American Pie et Van Wilder. On s’étonne dès lors de la présence de Caroline Dhavernas dans ce sous-Wonderfalls, sinon pour donner un peu d’autorité à un divertissement somme toute maladroit et indécis.


© 2007 Charles-Stéphane Roy