jeudi 19 juillet 2007

Critique "Kinky Boots"

Kinky Boots
de Julian Jarrold
2006

Paru dans l’hebdo ICI Montréal


LES TRAVELOS ENTRENT À L’USINE
Kinky Boots veut mettre à sa botte la comédie anglaise avec un peu de paillettes et beaucoup d’entrain.


Le sexe et à la danse à la rescousse des chômeurs de Sa Majesté ? Rien d’étonnant dans le berceau de la révolution industrielle et de l’humour outrageux. Depuis Full Monty et même The Adventures of Priscilla, Queen of the Desert, la lutte des classes au cœur du Commonwealth a pris l’habitude d’être aguichante et de commerce agréable. Kinky Boots ne déroge pas à cette règle récente ; mieux encore, le premier long métrage du réalisateur Julian Jarrold s’inspire directement d’une histoire vraie, du genre de celles trop incroyables pour être nées de l’imagination de scénaristes.


Dans le Nothamptonshire, Charlie, un jeune entrepreneur, hérite d’une manufacture artisanale de chaussures centenaire acculée à la faillite. Au lieu de vendre la compagnie familiale à une multinationale et la vieille factorerie à des promoteurs immobiliers, Charlie fouette ses effectifs et tente une reconversion dans la production de bottes stylisées en vinyle habituellement destinées aux drag queens et autres fétichistes suite à sa rencontre avec Lola, un travesti afro-britannique friand de designs exhubérants. Des loafers traditionnels aux f%#k-me-boots à jambières et talons aiguilles, de la banlieue conservatrice aux cabarets kitsch de Soho, il y a un pas que tout ce petit monde franchi sans gêne, survie oblige.


Sans rien casser, Kinky Boots appartient à ces films simples et charmants où la classe ouvrière anglaise se prend en mains, transformant en rayonnante tranche de vie les malheurs des gagne-petits. Manquant de concision et de naturel dans ses dialogues, le film gagne toutefois en rebondissements et en performances suffisamment convaincantes pour faire oublier ici et là qu’on sait déjà comment tout ça va finir. Pour un, Chiwetel Ejiofor, remarqué dans Inside Man et surtout Melinda and Melinda, compose un travesti réjouissant, toujours à deux doigts de basculer dans la caricature, tout à l’image du film, franc sans être bouleversant, plaisant sans être hilarant.


© 2007 Charles-Stéphane Roy