mercredi 18 juillet 2007

Critique "A Good Woman"

A Good Woman
de Mike Barker
2006

Paru dans l'hebdo ICI Montréal


PAS D’OSCARS, NI TRÈS WILDE

Elle ne sait faire qu’un seul geste, celui de retourner sa veste – toujours du bon côté : A Good Woman a du tronc à défaut d’avoir sublimé ses racines.


Mike Barker, cinéaste de Best Laid Plans (1999) et contremaître du prochain Pierce Brosnan, dit adorer les personnages principaux dotés d’une personnalité détestable et de valeurs ambiguës. Tout pour nous plaire, quoi. Assez cocky pour succéder aux adaptations de Lubitsch et Preminger de « Lady Windermere’s Fan », le premier hit d’Oscar Wilde, Barker a tellement réaménagé la pièce originale que la co-production A Good Woman provoque l’impression quasi immédiate d’avoir retenu en laisse le mordant et la satire dont avait faisait preuve Wilde, plus tisane tiède que thé fumant.


Non dépourvu de charmes et d’éloquence dans ses dialogues – seule trace qu’un auteur cynique aurait déjà passé par là, le troisième long métrage de Barker pèche d’emblée par ses choix discutables de casting. Pour incarner l’intéressée Mrs. Erlynne, une séductrice vieillissante débarquée sur la côte amalfitaine après avoir détroussée plusieurs hommes d’affaires new-yorkais, Helen Hunt peine à susciter autant d’antipathie, de danger et de sensualité chez le spectateur que parmi l’aristocratie vacancière plantée sur la Riviera italienne. Rarement Scarlett Johansson n’aura non plus faussé à ce point dans le rôle de la candide Meg, modèle moral pris entre la supposée infidélité de son promis et l’insistance d’un playboy globe-trotter.


L’histoire, sorte de marivaudage alimenté de mépris et de suffisance, appelait pourtant des interprètes aux ambitions archétypales sans fausse note : le couple idéaliste en danger, le vieux sage débridé, la conseillère jalouse, les commères, l’opportuniste, un secret inavouable, tout cela ne peut s’enclencher sans heurt avec d’illustres éléments dépourvus de cohésion, tout le contraire du solide The House of Mirth de Davies.


On les aime pourtant toutes, ces gueules attachantes, mais réunies au même bal, les ballons dégonflent. Seul Tom Wilkinson, vieux pro redoutable, a trouvé le moyen de manipuler son personnage, naïf de surcroît, sans jurer avec le décor. A Good Woman a beau être un objet bâtard, il n’en est pas moins un film jamais bâclé avec sa part de bons mots et de petits plaisirs.


© 2007 Charles-Stéphane Roy