jeudi 19 juillet 2007

Critique "Hostel"

Hostel
de Eli Roth
2006

Paru dans l’hebdo ICI Montréal


SLOVAQUIE, MA DOULEUR

Eli Roth n’est pas encore Clive Barker, mais il y travaille très fort. À l’aide d’une panoplie d’effets marteaux, Hostel vous cloue à votre siège.


Depuis une dizaine d’années, le film d’horreur populaire ménage ses efforts et préfère recracher d’inutiles remakes d’œuvres phare (merci Gus van Sant’s Psycho) plutôt que se creuser les méninges avec une bonne pioche. À l’essence même, il n’y a pas de genre plus bâtard que celui-là, telle une machine à composter les sensations, tous passeports confondus : tandis que la France copie l’Amérique (Haute tension), l’Asie s’époumone à l’européenne (Seance) et, dans le cas qui nous intéresse, les USA font maintenant leurs choux gras des électrochocs nippons. Pas pour rien que Miike Takeshi, le manitou du grotesque made in japan, apparaît brièvement dans le second long métrage d’Éli Roth (Cabin Fever), estampillé « l’espoir de l’horreur » par son pote Tarantino, producteur exécutif de Hostel, le nec-plus-ultra de la sauvagerie chic.


Exactement 25 ans après An American Werewolf in London, les voyageurs en sac à dos en sont quitte pour une nouvelle ballade éprouvante au cœur des vieux pays. Dans l’Europe de Roth, les gamins vous brutalisent si vous laissez vides les mains qu’ils vous tendent, les jeunes filles se promènent seins nus dans les saunas pour hommes et les usines abandonnées servent de lieux à des expériences terrifiantes sur d’infortunés cobayes transformés en pâturage. La Slovaquie n’aura jamais parue aussi rebutante sans qu’aucun vampire des terres voisines n’y vienne même planter son pieu. Le commerce de Roth verse plutôt dans le réaliste mode, la techno-crasse (merci Se7en), à partir d’un fait malheureusement vécu qui serait actuellement en vogue en Thaïlande, contrée de tous les vices légaux d’après d’abjectes rumeurs au sujet du trafic humain.


Là où Hostel étonne réellement, c’est lorsqu’on nous réunit la quête de plaisir absolu des ados aisés ET celle de la génération de leurs parents : pendant que les plus jeunes se gèlent et baisent à l’étranger, leurs vieux découvrent la défonce totale (on vous garde la surprise). Pour une rare fois, c’est Papy qui fout la trouille aux kids. Et vu l’état des lieux, ce n’est sûrement pas la dernière.


© 2007 Charles-Stéphane Roy