mercredi 18 juillet 2007

Critique "Zathura"

Zathura: A Space Adventure
de Jon Favreau
2005
Paru dans l’hebdo ICI Montréal


L’ESPACE D’UN JEU

Zathura fait montre de nostalgie plutôt que d’intuition avec ces aventures d’une maison mobile nouveau genre. Met en vedette Jonah Bobo, en nomination pour le titre de kid le plus pleurnichard de la galaxie.


Quand il pose ses crayons, on imagine Chris Van Allsburg dans un immeuble névralgique du centre-ville de Los Angeles à tirer au sort quel studio l’appellera en premier pour lui quémander les droits d’adaptation de son prochain récit. C’est que le concepteur graphique âgé d’à peine 60 ans règne sur le monde lucratif de la littérature pour enfants avec deux Prix Caldecott (le Pulitzer annuel des illustrateurs jeunesse) au-dessus de sa planche à dessin et les dividendes providentielles de ses publications, dont les plus connues demeurent Jumanji et Polar Express, passées à la moulinette hollywoodienne en 1995 et 2004. Zathura recycle plus qu’il n’invente mais bénéficie en retour d’une sortie durant l’Avent, l’équivalent d’un Boxing Day à rebours pour les Majors, ainsi qu’un regain d’intérêt envers les films-épreuves à la The Game ou Saw.


Deux frères portés sur la chamaille doivent faire équipe pour passer au travers du Zathura, un jeu de société magique qui, une fois démarré, entraîne ses joueurs dans des aventures spatiales toutes dépenses payées et oxygène à volonté – sans masque nécessaire, bien entendu. Parsemé d’épreuves extraordinaires, de gluants vilains et de complices inattendus, le film démontre par le plus long détour intergalactique possible qu’un frère, petite peste ou pas, vaut mieux qu’un ballon de foot autographié ou la dernière console Playstation.


À partir d’une trentaine de pages seulement, cette adaptation de Zathura sait comment multiplier les événements pour réussir à arrimer durant près de deux heures tout enfant atteint de déficit d’attention et insérer assez d’interactions émotives pour construire une relation filiale crédible. On ne peut en dire autant de sa personnalité, alors que l’acteur-réalisateur Jon Favreau (Made, Elf) recrache avec enthousiasme les résidus d’une culture sci-fi résolument 80’s (SpaceCamp, Explorers, Last Starfighter) et privilégie les noms rétro-exotiques comme “Zorgons” et les effets spéciaux en latex. Le résultat est plutôt bâtard, souvent énervant mais énergique à souhait. À caser un samedi midi par temps pluvieux.


© 2007 Charles-Stéphane Roy