mercredi 9 mai 2007

Critique "Seducing Maarya" de de Hunt Hoe

Seducing Maarya
de Hunt Hoe
1999
Paru dans Ciné-Bulles


Production canadienne sur la mémoire des origines et l’affirmation des différences, Seducing Maarya accuse une interprétation puis une esthétique qui engendrent une certaine perplexité. Le troisième film du cinéaste canado-malaisien Hunt Hoe, sorte de tragédie vaudevillesque à la sauce chutney, demeure de plus l’exemple flagrant qu’un scénario intéressant peut être largement sabordé par une réalisation déficiente.


Au coeur de la communauté indo-montréalaise, Maarya (Nandana Sen) est engagée par le veuf Vijay Chatterjee (Mohan Agashe) comme cuisinière dans son restaurant. Décidé à rebâtir sa famille, Vijay pousse son fils unique Ashish (Cas Anvar) à épouser sa nouvelle employée, qui possède plusieurs similitudes avec sa femme. Devant la passivité de son fils - qui lui masque son homosexualité -à consumer son mariage, le vieil homme tombe sous le charme de sa brue, tandis que celle-ci se met à refréquenter son frère intégriste Zakir (Vijay Mehta) fraîchement débarqué de Calcutta. À l’ambiguité des rapports malheureux qu’entretiennent ces êtres déchirés se greffe la quête de la pacificité dans un monde qui n’est pas le leur, où chacun tente d’échapper à son passé, et où personne n’est vraiment maître de ses choix.


Si Seducing Maarya aborde de front de délicates questions tel l’intégrisme et les relations entre immigrés, le film ne s’avère en revanche qu’un exercice douteux sur les moeurs inter-familiales, si bien qu’il suscita plus à sa sortie aux Indes la controverse que la réflexion. Hoe nourrit en ce sens un tendancieux plaisir à engouffrer ses personnages dans une structure dramatique solide quoique infernale où l’effet l’emporte grassement sur la sagacité de sa démonstration. Seducing Maarya souffre de plus d’un manque de rigueur - ou de compétence - au niveau du jeu des comédiens (certains sont non-professionnels), grotesque même par moments; d’une direction photo souvent inadéquate ainsi que d’une trame sonore d’un étonnant mauvais goût. Du Gange au fleuve St-Laurent, Maarya ne séduit donc guère.


© 2007 Charles-Stéphane Roy