mercredi 9 mai 2007

Critique "The Cup" de Khyentse Norbu

The Cup
de Khyentse Norbu
2000
Paru dans Ciné-Bulles


Trop rares sont les films alliant simplicité, authenticité et efficacité. The Cup possède un charme indéniable, typiquement asiatique, et dénote d’un humour vivifiant rarement capté au sein des temples bouddhistes. Khyentse Norbu (Etto Metto, The Big Smoke) signe avec son premier long métrage un sympathique portrait de la jeunesse tibétaine expatriée contaminée par la folie du ballon rond.


Trouvant refuge dans un monastère bouddhiste himalayien après avoir échappé clandestinement au siège chinois en sol tibétain, Palden et Nylma sont accueillis par deux jeunes postulants, Orygen et Lodo, recrutés pour faciliter leur intégration au sein de la communauté. Mais au-delà de leur adaptation aux rythme et rites de cette nouvelle vie monastique, les résidents découvrent puis viendront à partager la passion du spontané Orygen pour le soccer. Ce dernier, sous l’oeil austère des sages Abbot et Geko, parviendra avec persévérance et débrouillardise à visionner la finale de la Coupe du Monde en s’activant à dénicher un téléviseur ainsi qu’une antenne parabolique.


The Cup dénote de la volonté du cinéaste (qui fut assistant de Bertolucci sur Little Buddha) à intégrer harmonieusement les cultures occidentales et tibétaines par le biais de l’humour et de la passion du sport. La solidarité des moines envers les initiatives d’Orygen pour faciliter l’acquisition d’un téléviseur témoigne de l’ouverture propre aux préceptes bouddhistes envers les rites étrangers.


Norbu illustre avec esprit la fascination des moines face au sport, partisans de l’équipe française au tournoi parce qu’ils “ appuient ouvertement la cause tibétaine au plan international “; fascination également du sport comme simple spectacle, rapidement remplacé lors d’une panne de courant par une séance improvisée de théâtre d’ombres.


Visuellement stimulant avec sa photographie soignée ainsi que le jeu tonifiant d’acteurs non-professionnels, The Cup est de surcroit l’un des trop rares films d’origine tibétaine (plus précisément du Bhoutan) à être projeté ici. Une agréable réussite.


© 2007 Charles-Stéphane Roy