de Gary Fleder
2001
Paru dans la revue Séquences
Trois signes laissent généralement présager la tenue d’un film: le nombre de scénaristes au générique, la ponctualité de la sortie du film en regard avec les dates prévues au début du projet, puis la distribution des rôles. Considérant ainsi que l’affiche d’Impostor indique trois scénaristes, que sa sortie fut précédée des deux longs métrages réalisés ultérieurement (!) par Gary Fleder (Kiss The Girls et Don’t Say a Word) et que les premiers rôles sont interprétés par un trio d’acteurs fort limités, les appréhensions se multiplient. Et lorsque l’on considère que la meilleure adaptation d’une nouvelle de Philip K. Dick date de 1989, il est fort à parier qu’il ne faut rien parier sur le résultat.
Une identité trouble, des pertes momentanées de mémoire, une chasse à l’homme, de la manipulation informatique: pas de doute, nous sommes bien dans l’univers de Dick, un écrivain de science-fiction que le cinéma américain semble vouloir récupérer jusqu’à la dernière ligne. Cet univers prémonitoire, entre ceux d’Aldous Huxley et Ray Bradbury, cadre parfaitement avec les poncifs du suspense d’anticipation malgré ses paramètres limités.
Impostor reprend ainsi les trames narratives de Blade Runner, Total Recall et de Johnny Mnemonic sans variantes notables et brille par de flagrants emprunts stylistiques à ses prédécesseurs. Nous sommes en 2079, et l’imposteur en question est l’architecte d’une bombe destinée à éliminer la Terre des réplicants d’Alpha Centauri. Accusé d’être lui-même un réplicant, il s’évade de prison et rôde dans une obscure cité à la recherche d’une preuve validant son identité. Victime d’hallucinations incontrôlables, il découvrira après d’haletantes poursuites la nature de son destin.
Malgré une bonne dose d’ambiguité et un dénouement abracadabrant, le film déploie beaucoup d’énergie à bombarder le spectateur d’effets éculés et de pièces de bravoures particulièrement risibles: surcharge de plans inutiles, confrontations inutiles, dynamique virile rétrograde et dialogues accessoiristes se relaient sous une montagne de sérieux et de conviction bidons. Du Grand petit écran.
© 2007 Charles-Stéphane Roy