de Paul Verhoeven
2000
Paru dans Séquences
Technologie, quand tu nous tiens... Le dernier film de Paul Verhoeven, un cinéaste décidément difficile à prendre au sérieux depuis Showgirls et Starship Troopers, continue à exploiter la veine passéiste d’une science-fiction préventive, où est exposée la fatalité de l’exploitation abusive des progrès technologiques dans les viles mains de savants fous. Depuis Jules Verne et H.G. Wells, avons-nous progressé ? L’imaginaire d’où est issu Hollow Man reflète peut-être les angoisses d’hier, mais réactualisées à l’aide d’une impressionnante panoplie d’effets spéciaux, si bien que l’on peut désormais montrer l’invisible.
Après le cyber-flic de RoboCop et le voyageur spatio-temporel de Total Recall, Verhoeven s’attaque au mythe de l’homme invisible et plonge le chercheur Sebastian Cain (Kevin Bacon) dans le monde de la transparence. Disparaîtront progressivement à leur tour sa décence puis son humanisme, alors que celui-ci s’abandonnera au voyeurisme, puis au meurtre... tout cela sous le nez de ses vulnérables collègues de laboratoire, devenus d’aveugles proies. Le savant devenu cobaye, voilà qui constituait initialement une piste intéressante... mais le récit pivote subitement à mi-parcours dans une orgie d’homicides et de sang.
Fidèle à ses tics, Verhoeven saupoudre généreusement cette épopée fantastique d’un parfum d’érotisme purement gratuit et juvénile, qui dénote ses légendaire manques de goût et de subtilité. A la fois huis-clos et film de poursuite, Hollow Man offre en fait un spectacle si ridicule qu’il devient rapidement gênant d’assister à toute cette démonstration de talents gaspillés, de situations échevelées et de dialogues insipides.
Et force est d’admettre qu’on s’ennuie fermement à observer le corps scientifique multiplier les courses folles dans ce laboratoire souterrain aux insondables avenues, à endurer les longueurs et raccourcis d’une intrigue pataude, et à ultimement tenter de deviner quel cliché suivra le dernier. Dans un registre similaire, le Memoirs of an Invisible Man de John Carpenter était nettement plus sympathique.
© 2007 Charles-Stéphane Roy