jeudi 10 mai 2007

Critique "Catch Me If You Can"

Catch Me If You Can
de Steven
Spielberg
2003

Paru dans la revue Séquences


Après avoir été amorcé par le fluide et malicieux Ocean’s Eleven du vizir Soderbergh l’an dernier, le retour du film de casse-cool est bel et bien certifié avec le tout aussi impétueux Catch Me If You Can, une comédie policière du calife Spielberg. Bien qu’accusant quelques désaccords causals et dramatiques, cette improbable parabole de la brebis égarée prend étonnamment racine dans le récit véridique du faussaire juvénile Frank Abagnale Junior, qui, dans les années 1960, contrefit à l’âge de 16 ans des chèques de paie de lignes aériennes, d’hopitaux et de firmes d’avocats, empocha plus de 2 millions de dollars et berna une impressionnante légion de professionnels et de détectives.


Recadrez cette fable-savon en Fleming-o-scope, incorporez-y quelques cocktails exotiques, de rutilantes bagnoles puis une performance de Tom Hanks façon Big et vous obtiendrez la ballade la plus délicieusement confortable au pays de l’innocence et de l’abondance depuis... Ocean’s Eleven. En prévision du Confessions of a Dangerous Mind de l’homme de main George Clooney, à propos de la double vie de Chuck Barris dans les années 1970 et surtout d’Auto Focus du renégat Paul Schrader, sur les frasques intimes du comédien Bob Crane, qui sévit à la même période. Décidément, le babyboomerisme a la mèche longue...


Ne boudons pas pour autant notre plaisir et créditons sans attendre les bienfaits ponctuels de la solution Spielberg. Une distribution étincelante sertie de contre-emplois judicieux (Hanks bafouille tandis que Walken émeut... il faut le voir pour le croire) et de rôles secondaires substantiels, une direction artistique à la fois travaillée et effacée, une intrigue aux avenues imprévisibles et des dialogues justes et rythmés ont tôt fait de vitaminer le genre du film-spectacle, ces digestifs de bon aloi remis récemment à la carte des majors, et de nous redonner foi en le plaisir de l’oeil procuré par la dextérité plutôt que la prétention, à l’instar des meilleurs George Roy Hill, Stuart Rosenberg ou Sydney Pollack. J’endosse.


© 2007 Charles-Stéphane Roy