jeudi 10 mai 2007

Critique "The Acid House"

The Acid House
de Paul McGuigan
1999
Paru dans Séquences

Calme came


The Acid House est l’adaptation de trois nouvelles du romancier Irvin Welsh, le populaire auteur de Trainspotting. Relevant du même surréalisme rentre-dedans, ce triptyque explosif révèle un portrait plutôt pessimiste de la classe ouvrière écossaise dans un style que n’aurait pas renié Rod Sterling...


The Granton Star Cause raconte la descente aux enfers de Boab (Stephen McCole), qui réussit l’exploit de perdre son poste de défenseur dans l’équipe de football locale, se faire expulser de la maison familiale, larguer par sa copine et congédier par son employeur, tout ça le même jour ! En noyant sa détresse dans l’alcool au pub du coin, il subit les foudres de Dieu en personne (Maurice Roëve), qui, trouvant son existence si misérable, décide de le transformer en mouche ! Ce qui n’empêche pas Boab d’exercer une douce vengeance à l’insu de ses persécuteurs...


Dans A Soft Touch - ou « Le Bonasse » - Johnny (Kevin McKidd), un commis d’épicerie voit son récent mariage virer au cauchemar alors que Larry (Gary MacCormack), son nouveau voisin, envahit son logement puis son intimité en vidant son réfrigérateur et en balançant sa femme Catriona (Michelle Gamez). Seul avec son enfant, Johnny tente de s’amouracher d’une collègue de travail mais demeure la proie des bêtises et de la violence de sa conjointe et de son amant. Meurtri par sa propre incapacité à se faire justice, il tente sans grande conviction une ultime réconciliation avec Catriona après l’éphémère aventure de cette dernière avec le délinquant de l’étage supérieur.


Le réalisme terne de cet épisode prépare la table pour la colorée pièce de résistance, The Acid House , où l’esprit de Coco (Ewen Bremner), alors sous l’effet d’une capsule particulièrement explosive de LSD, s’intervertit au cours d’un orage électrique avec celui d’un nouveau-né. Ce transfert provoquera des maux de tête aux parents du poupon alors que ce dernier commence à se saoûler, se masturber et enchaîner les jurons. De son côté, Kirsty (Arlene Cockburn) profite de cette nouvelle situation pour materner puis piéger Coco vers une promesse de fiancailles. Mais trop peu trop tard, le processus inverse s’effectuera au cours d’une rencontre entre Coco et le bébé dans un pub.


Les trois récits formant The Acid House se regardent comme un bloc de vidéoclips: mouvements fluides, couleurs saturées et succession d’images-choc constituent l’essence d’un film visuellement agressant et narrativement pauvre. Le pathétisme latent de ces êtres lourdement caricaturaux rebute plus qu’il n’émeuve, effet sabordé largement par un flagrant - et gênant - désir de provocation strictement artificiel. Ciblé pour des adolescents attardés à la recherche de sensations bon marché, The Acid House ne suscite ni le rire, ni même le sourire; en fait, il ne provoque...rien. Larguez le dealer !


© 2007 Charles-Stéphane Roy