jeudi 10 mai 2007

Critique "Gone In Sixty Seconds"

Gone In Sixty Seconds
de Dominic Sena
2000
Inédit


Rétrovision


Si le passé est garant de l’avenir, il appert qu’Hollywood abuse fallacieusement depuis quelques années de ce désormais lucratif adage. Coincé ainsi entre Mission: Impossible 2 et le Shaft nouvelle cuvée, voici Gone In Sixty Seconds, reprise vampirisée d’un obscur série B de 1974. Incidemment, la promesse d’un été brûlant s’évanouit une fois de plus derrière une odeur de réchauffé.


Le nouveau bolide de l’écurie Jerry Bruckheimer (Enemy Of The State, Con Air) met en vedette Nicolas Cage en ex-voleur de bagnoles émérite se voyant contraint de sortir de sa retraite afin de réaliser un important vol pour sauver la vie de son jeune frère. En moins de temps qu’il n’en faut pour effectuer un changement d’huile, il regroupe ses anciens compagnons d’armes et s’active à repérer ses éventuelles prises.


Suivra une série de poursuites automobiles échevelées, une amourette entre le héros et une ancienne flamme (Angelina Jolie) aussi douteuse qu’inutile, une leçon de courage et de fraternité plutôt bidon, ainsi qu’une chasse à l’homme orchestrée par des policiers incapables d’exercer une filature sans se faire eux-mêmes repérer ! Ajoutez à cela des dialogues mécaniciens puis le réglementaire dénouement heureux et vous obtenez un objet de consommation assommant, aussi bien huilé que prévisible.


La question demeure entière au terme de ces deux heures de pétarade et de musique tonitruante: qu’a bien pu soulever l’intérêt du cinéaste Dominic Sena (auteur d’un Kalifornia nettement plus explosif) puis des acteurs Nicolas Cage et Robert Duvall dans la nouvelle mouture d’un film qui n’avait somme toute marqué son époque que par une poursuite automobile accusant une quarantaine de minutes? L’argent, il faut espérer. Car ce récent Gone In Sixty Seconds n’est visiblement affligé que du seul sceau Bruckheimer, qui carbure à tout ce qui a trait aux joujous bruyants et rapides (Top Gun, Days Of Thunder) et aux épopées à grand déploiement d’équipes en mal d’exploits (The Rock, Armageddon).


Un constat, certes guère nouveau, s’impose derechef: le film d’action américain s’auto-plagit désormais de plus en plus... mal. Que faut-il alors espérer de Gone In Sixty Seconds après la série des Beverly Hills Cop, quelques épisodes des Dukes Of Hazzard, Sneakers et Vanishing Point ? Peu de choses, hormis le fait qu’il parvient à nous distraire momentanément de la hausse actuelle des prix d’essence...


© 2007 Charles-Stéphane Roy