jeudi 10 mai 2007

Critique "Shaft"

Shaft
de John Singleton
2000
Paru dans Séquences


Alors que la série des James Bond ne cesse d’agoniser et que l’inspecteur Harry ait troué sa dernière cible voilà plus de quinze ans, le privé John Shaft revient faire trembler les malfrats de seconde zone, plus cool que jamais. La trilogie Shaft originale se voulait à l’époque une réplique afro-américaine aux films à la Don Siegel, entremêlée de fusils, de cascades automobiles, de musique disco et de filles aux moeurs aussi légères que leur tenue. Mais plus importante encore était l’attitude décontractée de Richard Roundtree, qui passe aujourd’hui à l’écran le flambeau à Samuel L. Jackson, le parfait héritier pour ce rôle fort en gueule.


Deux John Shaft pour le prix d’un ! Une aubaine scénaristique qu’a conçu Richard Price (Clockers), particulièrement généreux envers les fans de la première heure, et ce, à plus d’un égard: beaucoup d’action, une pléiade de one-liners , ainsi que plusieurs références explicites à l’oeuvre de 1971 agrémentent ainsi cette oeuvre fortement stylisée. John Singleton (Boyz ‘N’ The Hood) plonge Shaft (Samuel L. Jackson) au coeur d’une histoire de meurtre teintée de racisme, laquelle le présumé suspect (Christian Bale) parvient à monnayer son innocence. Le détective se penchera personnellement sur le dossier, allant jusqu’à démissionner du corps policier afin de pincer le coupable selon des méthodes plutôt expéditives, qui se résument en peu de choses: un langage coloré, une arrogance soignée puis des contacts dans la pègre aussi inépuisables que ses barillets.


Malgré une intrigue factice connotant les moments-clé de la production originale, Shaft se distingue des autres films d’action par une réelle recherche esthétique (qui allie hommage et singularité) relevée d’une musique entraînante, puis surtout par le jeu solide des personnages-satellites, dont celui de l’étonnant Jeffrey Wright, acteur noir d’une crédibilité déconcertante dans un sympathique rôle de truand portoricain à la petite semaine. Plaisir coupable s’il en est un, ce Shaft nouvelle cuvée possède le germe des franchises hollywoodiennes dont les vacanciers raffolent tant.


© 2007 Charles-Stéphane Roy