jeudi 5 juillet 2007

Critique "Deuce Bigalow European Gigolo"

Deuce Bigalow European Gigolo
de Mike Bigelow
2005
Paru dans l’hebdo ICI Montréal


LE CHARME D’UNE SAVATE, POIL À LA RATE

C’est l’été, saison de toutes les vulgarités. Revoici donc Rob Schneider et sa galerie d’obsédés.


Les transfuges de l’émission “Saturday Night Live” se divisent en deux clans : les bizarroïdes imprévisibles (John Belushi, Norm McDonald, Will Ferrell) et les petits comiques de classes au secondaire n’ayant pas vraiment évolué par la suite (Eddie Murphy, Mike Myers). Rob Schneider fait indéniablement partie de la seconde catégorie, mais n’a jamais été plus que le porteur d’eau de ses contemporains et, résigné, s’est spécialisé dans les caméo dingo sur les véhicules promotionnels de ses amis. L’un de ceux-là est Adam Sandler, le plus fidèle des comiques hollywoodiens, le seul qui ait été probablement assez influent pour permettre aux projets personnels de Schneider de voir le jour. En 2001, son Deuce Bigalow amassa plus d’une centaine de millions de dollars, laissant planer l’idée d’une suite. Nécessaire ? Absolument pas. Mais que serait un vrai été sans son lot de comédies scatologiques ?


Voilà donc notre gigolo américain pris dans une impossible histoire de tueurs de prostidudes à Amsterdam. Si Richard Gere avait comme cliente Lauren Hutton dans le classique de Paul Schrader, Schneider doit se contenter de combler la femme plus ordinaire, qu’elle soit une géante mégère dominatrice, une tchernobylienne au museau phallique ou une peintre souffrant de troubles obsessifs compulsifs. Mais tout cela n’a que bien peu d’importance durant ce crescendo de pets, de blagues autour des gais et de cabotinage digne des planches d’un théâtre d’été, écrit de surcroît avec les jointures et filmé comme un travail de fin de session.


D’une totale dévotion envers son œuvre, Schneider commet sans faire gaffe certaines grimaces plus drôles que d’autres, mais rien pour remonter sa cote en tant que tête d’affiche, surtout après s’être payé des pages entières dans les journaux pour répliquer au commentaire d’un critique américain, qui ironisait sur ses chances de gagner l’Oscar de « la meilleure blague de pénis livrée par un comédien de troisième ordre ». À ce titre, Scheider devrait l’emporter aisément.


© 2007 Charles-Stéphane Roy