jeudi 5 juillet 2007

Critique "Childstar"

Childstar
de Don McKellar

2005
Paru dans l’hebdo ICI Montréal


WHAT DOES TORONTO WANT?

Chez le polyvalent Don McKellar, la gloire prépubertaire n’est jamais plus qu’un prétexte pour sublimer notre défaitisme national. Childstar possède 50 bonnes répliques + 1, mais ce n’est pas assez clair.


Surprise : un autre film sur le vedettariat prématuré ! Dans notre Belle Province, des villageoises tentaient de pénétrer les plateaux montréalais et ça a donné Idole instantanée – mince préoccupation en regard avec les problèmes intercontinentaux du ROC : l’invasion américaine et ses abris fiscaux en forme de tournages à “Hollywood North”, studio coast to coast du pauvre. Et les tycoons d’érablière de répliquer en envoyant au front leur volontaire de service, le valeureux acteur / réalisateur / producteur / angoissé en chef Don McKellar, pour récupérer quelques spectateurs locaux anti-‘Ricains dans une satire du caractère servile du plusse meilleur pays au monde.


Cette dualité se tient tout entière dans le personnage de McKellar, qui s’est bien entendu réservé le meilleur siège de l’arène, celui d’un ex-professeur devenu chauffeur de stars à louer afin de financer son propre film indépendant, un pathétique éloge à sa méprisante ex-femme (Canadian, avez-vous dit ?). Débarque de Los Angeles une idole de 12 ans et sa mère, grands seigneurs venus tourner en territoire conquis une pétarade patriotique marchandisée au rictus près avec le concours de nos braves subordonnés canadiens, prêts à s’agenouiller dès que glisse à leurs pieds le chiffon de la gloire. Mais pas Don McKellar, tout aussi peureux, mais plus déterminé que quiconque à lutter pour une place au soleil – qui n’est pas à Toronto, filmée une fois de plus comme un donjon scandinave.


Téléfilm Canada ne pouvait trouver en McKellar meilleur pitch pour expliquer sa nouvelle politique du compromis à de potentiels investisseurs étrangers ; voilà l’un des rares visages anglophones condamné à demeurer estampillé « Canada » jusqu’à sa dernière pellicule, doublé d’un solide auteur pris en flagrant délit de promotion d’une production domestique populaire incluant des têtes d’affiche hollywoodiennes et des Canadiens errants revenus au pays. Et ça part dans tous les sens (sauf celui du chauvinisme national mal assumé, of course)… Au final, Childstar constitue un divertissement bon enfant, mais schizo tout de même.


© 2007 Charles-Stéphane Roy