mardi 17 juillet 2007

Critique "Mad Hot Ballroom"

Mad Hot Ballroom
de Marilyn Agrelo
2005
Paru dans l’hebdo ICI Montréal


LA FIÈVRE DU SAMEDI MATIN

Caméra à hauteur de hanches, Mad Hot Ballroom n’envoûte pas que les futurs cavaliers de palestre. Ambiance assurée en salles.


Avec ses images vidéo basse définition, son éclairage déficient et ses flous thématiques, Mad Hot Ballroom fait souvent grincer des dents. Mais le pied, lui, bat la mesure sans retenue : ce documentaire est surtout une affaire de cadence. En 10 semaines de leçons, des pré-adolescents font plus que mimer les stepettes de professeurs surmotivés – ils apprennent à devenir de jeunes adultes, à adopter une étiquette avec leurs partenaires et à s’ouvrir à d’autres cultures. Chance inouïe pour la plupart de ces élèves issus de Tribeca (classe moyenne, divorces à la pelle), Bensonhurst (quartier chaud divisé entre Italiens et Asiatiques) et Washington Heights (taux de pauvreté de 97%), qui engendrera statistiquement plus de B.S. que de C.A.


Voilà 10 ans qu’une soixantaine d’écoles primaires du système public new-yorkais sont entrés dans la danse en intégrant à leur cursus quelques pas de deux en prévision d’un tournoi municipal fort couru, la Finale des Couleurs de l’Arc-en-ciel. Bien sûr, apprivoiser à 11 ans les déhanchements rudimentaires du merengue, du tango, du swing, du foxtrot et de la rumba ne garantie en rien un avenir à l’abri du vagabondage, mais au moins, ça déniaise du complexé au mètre carré.


Quelque part entre les joutes d’épellation de Spellbound et le prêt-à-auréoler de Canadian Idol, Mad Hot Ballroom emprunte des ressorts narratifs rayés comme un plancher de Disco-roule lors d’une valse classique entre des personnages aux caractères émotivement opposés et un enjeu pyramidal qui aurait fait sourciller Charlemagne : plutôt inconfortables que cette apologie de l’adversité scolaire, cette avarice de commentaires parentaux et le plus grand nombre de scènes de répétition enregistré depuis A Chorus Line… Mais des images qui n’ont pas de prix, gracieuseté de ces prépubaires pas toujours gracieux et peu enclins à empoigner le sexe opposé, le film en possède plus qu’en demande le client. Et on (en) reprend ! Un peu de Peggy Lee, de Lucia Mendez, « et 5, et 6, et 7… »


© 2007 Charles-Stéphane Roy