de Stephen Frears
2006
Paru dans la revue Séquences
Dans l’Angleterre des années 1930, une veuve joyeuse se porte acquéreuse d’un cabaret du coloré quartier Soho. Elle qui ne connaît rien à l’affaire, Mrs. Henderson veut concurrencer les autres théâtres par tous les moyens possibles, quitte à choquer l’establishment. Ses spectacles en boucle et ses interprètes féminines nues feront date et provoqueront une petite révolution dans le showbiz londonien.
Si quelques cinéastes avaient déjà porté à l’écran certains moments chauds de la carrière du Windmill Theater, aucun n’avaient approché celle par qui le scandale arriva dans la bonne société, sa propriétaire Henderson. Stephen Frears, lui, n’a pas hésité à filmer le charme des (nombreux) travers de cette glamouraholic, petite vieille pincée qui n’hésitait pas à inventer n’importe quel exploit à son défunt mari pour convaincre les cercles artistiques de cautionner ses spectacles. Bien que le théâtre ait connu plusieurs creux de vague (l’affaire est propriété d’un exploitant de numéros érotiques depuis la fin des années 1960), les piliers des variétés britanniques ressentent tout de même une fierté en rappelant que le Windmill continua ses représentations sous les bombes allemandes pour donner du courage aux citoyens apeurés et changer les idées des soldats britanniques.
À la façon d’un musical, Mrs. Henderson Presents enchaîne les numéros avec entrain et précision, forces imputables à la réalisation de Frears, le besogneux cartérisien tout indiqué pour mener cette aventure à bon port. Certaines scènes sont particulièrement réussies, dans le timing et l’éxécution, comme celle où la directrice tente de soudoyer le responsable de la censure lors d’un goûter mis en scène sans décorum aucun. Mais il faut reconnaître que sans les performances de Judi Dench, Bob Hoskins et Christopher Guest (Spinal Tap), le film aurait rapidement fui les mémoires les plus clémentes. Et entre tout ce tapage de chants et de danse rayonne la lumineuse Kelly Reilly, le flirt londonien de Romain Duris dans L’auberge espagnole et sa suite : seins nus, regard perçant et exaltation contagieuse, sa Maureen brille de tous ses feux et témoigne mieux que quiconque l’effervescence délicieusement délurée qui pouvait régner au Windmill.
© 2007 Charles-Stéphane Roy