de Louise Archambault
2006
Paru dans la revue Séquences
Louise Archambault avait fait sensation en 1999 avec le court-métrage « Atomic Saké », bardé de prix, en plus d’officier comme designer sur les costumes d’Un crabe dans la tête, réalisé par son conjoint André Turpin. Pas étonnant que celui-ci lui retourne la pareille en tenant la caméra dans Familia, le premier long d’Archambault. Les festivaliers à Locarno et Toronto lui ont réservé un accueil chaleureux et la chose devrait se reproduire dans les salles québécoises.
Avec humour et tendresse, la cinéaste plonge tête première dans le panier de linge sale d’amies à la filialité quasi-fataliste. Que voulez-vous, elles ne sont pas capables de se blairer, Michèle et Janine, surtout pas lorsque la première, joueuse compulsive, vient occuper les quartiers cossus de la seconde, décoratrice en mal d’amies et de mari, et dont la toute jeune adolescente se plait à la comparer à un certain Führer. Au jeu du couple mal assorti, difficile de faire pire, tant le film fait la part belle aux séquences antagonistes en prenant soin de les achever par un nombre considérable de pardons/minute. Archambault, comme Picard et Vallée, milite pour voir plus de rapprochements à l’écran et entendre des « Je t’aime » comme jamais auparavant, ce qui n’est pas pour déplaire.
Là où il devient plus difficile de chérir Familia, c’est étonnamment dans sa distribution – hormis Paul Savoie et Micheline Lanctôt difficile de croire dans le jeu plaqué des jeunes comédiens, et encore moins dans celui de Sylvie Moreau, qui peine elle-même à nuancer ses interprétations d’un rôle à l’autre – et le rôle explicatif des dialogues, souvent encombrants et peu sentis. Archambault sait toutefois comment s’y prendre pour dynamiser un scénario quelque peu convenu et dénote assez de jugement pour régler sur le mode inclusif un divertissement au féminin.
© 2007 Charles-Stéphane Roy