vendredi 20 juillet 2007

Critique "Cache-cache"

Cache-cache
de Yves Caumon
2006

Paru dans la revue Séquences


Un rêve, un conte, une fantaisie : Cache-cache séduit sans embêter ni rendre bêta. Il n’est ni Amélie Poulain, ni Beetlejuice, mais sait se tenir tout seul, comme un grand. Malgré certaines redondances, le second long métrage de Yves Caumon (Amour d’enfance) rend heureux.


Quelque part à la campagne, une famille emménage dans une ferme abandonnée. Quelques objets disparus plus tard, le petit clan soupçonne une présence extérieure qui connaîtrait parfaitement les lieux. Un fantôme… pas celui qui fait payer les touristes de sa machette, ni l’autre amusé par l’effroi qu’il provoque : ce fantôme-là n’a en tête que le jeu. Naturellement, ce sont Aurore et Arthur, les enfants du couple, qui alertent les autres de sa présence.


Puis à son tour Caroline, la matriarche fière et souriante, lors de la disparition du chien Zazou. Le père, énervé à l’idée d’exercer son métier de dentiste sur de nouvelles caries locales, n’attache pas d’importance au petit branle-bas que subit son ménage. La question devient incontournable : est-ce que Raymond, fils des anciens propriétaires, est décédé ou se cache-t-il au fond du vieux puits dans la cour, celle où il jouait il y a plus de trente ans ?


Le ton de Cache-cache est celui de la comédie. Reléguant aux tiroirs les quiproquos et autres ressorts humoristiques convenus, le scénario de Caumon et d’Emmanuelle Jacob fleure bon les trouvailles visuelles à la manière d’un film muet. Pour une fois que la fantaisie ne verse pas dans la mièvrerie, le film s’apparente néanmoins à une comédie de situations longue durée. La trame progresse toutefois sans jamais avoir à justifier ses (quelques) virages ou venir tout encombrer de discours ou de bons sentiments : les personnages existent pour l’intrigue, et non l’inverse.


Pas de commentaires sur les citadins, les campagnards ne sont pas tous des arriérés, le plaisir se cache tout entier dans les prés. Lucia Sanchez, vue dans Carnages et Sitcom, compose une mère comme en rêverait Ariane Ascaride. Mais, surtout, la photo de la Québécoise Josée Deshaies et la direction artistique de Jacques Bufnoir font des merveilles avec des objets ménagers dont on ne soupçonnait pas la poésie.


© 2007 Charles-Stéphane Roy