de Adam McKay
2006
Paru dans l’hebdo ICI Montréal
MACHO TACOT
L’irrésistible et cinglant Talladega Nights confirme Will Ferrell parmi les grands.
Si les courses NASCAR n’allument pas grand monde au Québec, il en est tout le contraire dans le Sud des États-Unis, où les pilotes sont traités comme des dieux. Il fallait donc user de doigté pour tourner en ridicule ce cirque flamboyant et terriblement redneck, ce qui n’est pas le propre de Will Ferrell, co-scénariste et l’acteur outrageux de Talladega Nights. On aurait pu croire à un autre véhicule de divertissement formaté sur la personnalité et les attributs comiques de l’ex-gloire de Saturday Night Live, mais, une fois n’est pas coutume, on a droit ici à une histoire potable et dynamique comportant un nombre incalculable de gags physiques et de dialogues pince-sans-rire.
Le nouveau concept du grand frisé du Frat Pack ? Ricky Bobby, un Texan fier comme un paon qui ne jure que par la vitesse et dont l’ascension en NASCAR sera aussi rapide que sa chute. En compagnie de son ami d’enfance Cal, Ricky remporte toutes les courses du circuit, empoche les millions $ et se retrouve aux bras d’une blonde groupie qu’il ensemence illico. L’arrivée de Jean Giraud, le méchant Français à l’accent exagérément incompréhensible (le méconnaissable Sacha Baron Cohen, ex-Ali G), viendra mettre un terme à sa domination et provoquera un traumatisme chez le pilote à l’ego de plomb, qui se croit enflammé à chaque sortie de piste. Devenu livreur de pizza à vélo, Ricky Bobby retrouvera le feu sacré par les moyens les moins flamboyants.
Depuis cinq ans, Ferrell et sa bande (Ben Stiller, Vince Vaugh, Steve Carrell, Jack Black, les Wilson) ont véritablement créé un style à travers la comédie hollywoodienne, et leur succès n’est plus simplement aujourd’hui un fait générationnel. Pour ceux qui ont réussi à l’éviter depuis le début de sa carrière à plein temps au grand écran, Ferrell pourrait devenir un incontournable avec Talladega Nights, assez substantiel et rocambolesque pour réunir les amateurs de sports et les simples vacanciers au cinéma, et assez incisif et ironique pour satisfaire les fans de la première heure.
© 2007 Charles-Stéphane Roy