vendredi 20 juillet 2007

Critique "Dave Chappelle’s Block Party"

Dave Chappelle’s Block Party
de Michel Gondry
2006

Paru dans la revue Séquences


Que Michel Gondry s’associe avec des musiciens, cela va presque de soi. Qu’il le fasse avec un humoriste, on est déjà plus surpris. Dans le cadre d’un documentaire de surcroît, on n’est plus loin de l’étonnement béat. Chassons nos préconceptions contre les happenings forcés et les spectacles sur grand écran, car Block Party possède tous les atouts pour enrayer la déprime et même rendre le hip hop plus comestible. Au centre de cette entreprise mégalo trône Dave Chappelle, roi de la chaîne payante Comedy Central et humoriste multimillionnaire.


Disséminant ses apparitions publiques et professionnelles depuis son bris de contrat avec les producteurs du « Dave Chappelle’s Show », ce grand Afro-américain aux habits décontractés et à la langue sale voulait monter un événement qui rendrait hommage aux réunions improvisées dans les ghettos entre entertainers de tous horizons durant les années 1970. Le film se fait à la fois la chronique de la préparation du spectacle gratuit du 18 septembre 2004 sur un coin de rue du Bronx, de l’enchaînement des performances et de la fraternisation entre les artistes dans les coulisses érigées à même une garderie adjacente à la scène temporaire.


Avec une bonne humeur contagieuse, Chappelle a visité quelques jours auparavant son bled natal en Ohio en offrant à qui le voulait bien des forfaits tout-compris pour se rendre à New York et assister au spectacle. Il convainc quelques citoyens et la fanfare scolaire de l’endroit avant d’investir le Bronx et se familiariser avec les habitants du coin, dont un couple de vieux excentriques rénovant une église et la directrice d’une garderie multiculturelle. Pour un, Chappelle dénote la rare vertu de mettre son ego et sa notoriété au service des autres, tout comme Gondry, qui utilise toute son astuce esthétique au montage pour honorer les acteurs d’une aventure inattendue et enlevante par moments.


© 2007 Charles-Stéphane Roy