mardi 17 juillet 2007

Critique "Lie With Me"

Lie With Me
de Clément Virgo
2005
Paru dans l’hebdo ICI Montréal


SEXE À PILES

À tant baisser le pantalon, Lie With Me finit par prendre en grippe toute considération dramatique valable. On aime mieux quand ça vibre.


3e film du Canadien d’origine jamaïcaine Clément Virgo, Lie With Me ouvre davantage les jambes que ses précédents Rude et Love Come Down, tous atteints d’une fiévreuse rage sexuelle et d’une prise de parole des minorités culturelles errant dans les arrière-cours torontoises. Après un court passage à la télévision, Virgo revient avec son film le plus osé, tout fier de sa cote « 18+ » et prêt à assaillir les festivals en manque de sensations fortes. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : sous ses dehors explicites et sa réalisation onirique destinés à faire bander les programmateurs de la planète se dévoile sans pudeur un conte érotique souvent risible, à la narration platonique croulant sous les mots interdits.


L’appétit sexuel féminin, dernier tabou au cinéma ? C’est ce que le film tente de nous faire avaler en farcissant son récit des pensées de Leila, une nymphomane qui s’adonne à la collection de pipes afin d’échapper peut-être au divorce imminent de ses parents, qui ne se touchent plus depuis belle lurette (attention, on passe ici en mode 2e degré). Au summum de sa déchéance estampillée « Faite en banlieue », elle tombe sur David, beau gosse à temps plein, avec qui elle pousse l’intimité dans ses zones les moins confortables… pour se rendre compte qu’il n’y a rien de mieux qu’une vie de couple, malgré l’exclusivité, la banalité et les chicanes de jalousie inhérentes à la monogamie. Les amants se repoussent à tour de rôle (retour en mode 1er degré) pour se retrouver l’un l’autre sous les confettis du mariage de la meilleure amie de Leila. Rangez les condoms, sortez les violons.


La génération Y, la débraillée du 9 Songs de Winterbottom comme la grande gueule d’Horloge biologique de Trogi, utiliserait généralement le sexe comme moyen de consommation. Tamara Faith Berger, auteure du livre Lie With Me et co-scénariste de son adaptation, s’attache particulièrement à l’équité de ce moyen, par lequel garçons filles peuvent aujourd’hui jouir d’autant de partenaire l’un que l’autre sans faire sourciller la brigade des mœurs. Mais comme dans toute entreprise du genre, montrer du sexe à répétition, frontalement ou non, demeure plus facile (et redondant) que d’en parler de manière originale et interpellante.


© 2007 Charles-Stéphane Roy