jeudi 5 juillet 2007

Critique "Willard"

Willard
de Glen Morgan
2003
Paru dans la revue Séquences


Alors que la mouture originale de 1971, un véhicule promotionnel pour le limité Ernest Borgnine, fut tablettée plutôt rapidement, on se demande ce qui a bien pu motiver cette relecture initiée par le tandem James Wong-Glen Morgan, connu pour leur contribution artistique à la série The X-Files et au laborieux Final Destination. Une mauvaise blague de collégiens ou un réel engouement pour le genre d’horreur animalier ? Nul doute que la compagnie New Line, dans sa volonté de vampiriser l’héritage des séries B des années 1960-70, leur a déroulé le tapis rouge avec ce projet inusité.


Qui est ce Willard ? Un jeune adulte incapable de toute initiative, maladroit et austère au possible, qui développa des affinités avec la gente souricière afin de remédier à ses problèmes. Une mère encombrante ? Rongez-la. Un patron escroc ? Nettoyez-moi ça ! Il faut croire que le ridicule tue, tout poisseux et minuscule soit-il. Faut-il en rire pour autant ? Pas tout à fait. Glen Morgan a rapaillé du premier scénario des dualités toutes hitchcockiennes, une rhétorique cartoonesque au possible (Tim Burton n’est jamais loin), quelques accents thématiques chers à Georges Orwell (Animal Farm) ainsi qu’une dynamique narrative qui n’est pas sans rappeler les séries Amazing Stories et The Outer Limits.


Il y a ici une réelle démarche d’écriture cinématographique, peu convaincante, certes, mais il est évident que Morgan a fait ses devoirs : projections freudiennes bidirectionnelles des pouvoirs humains sur les animaux, dénouement volontairement atrophié, décors psychologisants et cadrages émotionnels : on est loin de Zoltan ou Piranhas ! Par contre, toutes ces qualités révèlent un défaut commun : l’odeur du réchauffé. Les présences de Crispin Glover, plus « Georges McFly » (Back to the Future) que jamais, et de Laura Elena Harring, qui semble s’être une fois de plus trompée de plateau, alimentent sournoisement cette impression de déjà-vu. Plus important est le budget d’un remake, plus visibles semblent ses ficelles.


© 2007 Charles-Stéphane Roy