mardi 17 juillet 2007

Critique "November"

November
de Greg Harrison
2005
Paru dans l’hebdo ICI Montréal


DU SABLE DANS LE CARROUSEL

Le thriller existentiel November s’apparente à une soirée diapos de modèles surexposés. Quand le numérique donne dans la cinécopie.


Autrefois lieu de défrichage et d’expérimentations, le festival de Sundance est devenu aujourd’hui une formidable machine à hype, où même les récipiendaires de prix moins prestigieux héritent de contrats de distribution attribués par les grands studios soucieux d’entrer à leur tour dans la ronde. Tel est manifestement le cas de November, un exercice de style porté par Courtney Cox et sa mention « Meilleure photographie » à la foire de Park City en janvier dernier. Même en additionnant ses penchants pour le montage multi-temporel dit « moderne » − le réalisateur doit jouer aux dards sur la jaquette dvd de Memento dès la sortie du lit − et ses mises en abîme vidéo, le second long métrage de Greg Harrison (Groove) peine à afficher une durée raisonnable (73 minutes, dont plusieurs sentent le remplissage) et une personnalité impropre à le démarquer de ses contemporains moins sages. Avoir été une chanson, November trônerait sur les palmarès « Alternatif adulte ».


Une professeure de photographie assiste impuissante à la fusillade qui emportera son mari. Encore sous le choc, elle poursuit une vie rangée passée entre ses étudiants, sa mère et sa thérapeute. Surgissent des hallucinations plus grandes que nature dans lesquelles sont soulevés des pans intimes de sa relation houleuse avec le feu conjoint. Tout s’embrouille au point où la photographe ne distingue plus le présent du passé ainsi que sa place dans les événements survenus lors de la soirée fatidique.


Afin de mettre un peu d’ordre dans le charivari des souvenirs de Cox, Harrison segmente son histoire autour des étapes du deuil de la jeune femme : déni, désespoir et acceptation en viennent ainsi à former un arc replié aux moindres faveurs d’une enquête policière factice et de plusieurs personnages satellites dont on perd trop souvent le signal radio. Et un de ceux-là est le sympathique James LeGros, rescapé des balbutiements indies des années 1980-90 auquel November s’ajoutera à un imposant cursus déjà miné par de nombreuses sorties de route. Meilleure chance le mois prochain.


© 2007 Charles-Stéphane Roy