de Jon Gunn, Brian Herzlinger et Brett Winn
2005
Paru dans l’hebdo ICI Montréal
LA FILLE DANS LA CAMÉRA
Nombreux sont les ti-gars qui découvrirent que la vie ne se résumait pas aux G.I. Joe et aux Livres dont vous êtes le héros en apercevant la gamine au géranium dans E.T. Depuis ce temps, celle de Brian Herzlinger se résume pas mal à… elle. On lui en a parlé.
La fille de John Barrymore suscita en 1982 un tel béguin chez Brian Herzlinger qu’il en fit depuis une quête personnelle considérée chez son entourage comme une obsession, et, selon l’un de ses mentors, « la crétinisation définitive et totale de l’Amérique ». On se le demande nous aussi après avoir vu tous ses efforts pour s’approcher de la star dans My Date With Drew, un film amateur documentant sa stratégie pour flirter directement avec la blondinette. Le pitch tient du pari perdu lors d’une beuverie : avec un peu plus de mille dollars gagnés à un pilote de quiz télé, Herzlinger tentera de vérifier de visu s’il a des chances de gagner le cœur de Barrymore en trente jours, délai correspondant à la période d’essai d’une caméra domestique achetée à crédit dans un magasin à rayons s’il veut revoir l’argent de son débiteur. Le type n’a pas de boulot et vivote à Los Angeles depuis peu pour intégrer l’industrie hollywoodienne.
« Il faut savoir que la rencontre avec Drew était plus un prétexte qu’une fin en soi, révèle le prétendant-cobaye Brian, rejoint en Californie. Dès que j’ai gagné l’argent, Jon, Brett et moi avons convenu d’utiliser la somme pour faire un film en vidéo, notre rêve a toujours été de travailler ensemble. Ils se sont souvenus de mon béguin pour Drew Barrymore et nous nous sommes tout de suite entendus pour consacrer nos trente jours de tournage à ma cour, parce que c’était simplement un bon sujet de documentaire. En bout de ligne, ça ressemble à n’importe quelle date : il faut tenter sa chance même si on a aucune idée des résultats. »
Pas sûr cependant que la vedette aurait voulu goûter aux charmes de ce « Joe Schmo » s’il n’avait pas filmé son parcours… « Le film raconte une quête bien plus qu’un accomplissement quelconque, se défend Herzlinger. Elle doit recevoir tellement de lettres d’amour de psychopathes que je n’aurais pas eu directement accès à elle sans passer par son agent ou ses gardes du corps. Notre bande-annonce maison sur le web a réellement aidé à capter son attention et à la rassurer sur mes motifs. Tout le monde fait sa chance selon sa propre personnalité et les moyens qui lui sont accessibles ; moi, c’était par la vidéo. À chacun d’utiliser ses ressources ! »
Dans la Cité des Anges, Mecque de la frime et des arrivistes, l’étonnante sincérité de Brian l’amène à multiplier ses admiratrices. « Je n’ai jamais nourri de grandes illusions sur mes chances de rencontrer l’âme sœur ici grâce à mon physique, ma notoriété ou ma fortune, bien honnêtement ! En fait, à Los Angeles ou ailleurs, la personnalité et l’authenticité font foi de tout. Mon entourage m’a encouragé à poursuivre cette folie parce qu’ils n’ont jamais douté du bien-fondé de ma démarche et de mes sentiments. »
En bout de ligne, My Date With Drew verse plus dans la comédie romantique ou la télé-réalité que le documentaire. Quelquefois gênants, les détours sentimentaux empruntés par Brian parviennent malgré tout à attiser notre sympathie grâce à une débrouillardise proportionnelle à un réel don pour le papotage avec les filles, connues ou pas.
© 2007 Charles-Stéphane Roy