de Demian Fuica
2005
Paru dans l’hebdo ICI Montréal
DES EFFLUVES DU CANAL 10
À autant confondre cabotinage et humour, on se retrouve inévitablement devant un Coté 7+ en puissance. Piètres pouets.
Il y a de ces films qui deviennent involontairement risibles à force de surinvestir les mauvaises directions. Ils ne sont pas nombreux, mais facilement discernables des mauvais films, les films simplement ratés. Puis il y a ceux qui s’élèvent encore plus haut dans le firmament du sur-grotesque ; les films qui donnent plus envie de pleurer que de rire tant leurs défauts irritent. Mais comme on n’arrête pas le progrès, les limites de l’inconcevable sont appelées elles aussi à être repoussées.
Au Québec, le titre n’a pas été souvent remis en jeu, disputé récemment entre l’intégrale de Lewis Furey, Angelo, Fredo et Roméo, Les dangereux et un certain film de Jean Beaudin (vous savez, celui dont Garou est sorti tout ému…). Dans cette lignée exclusive de flops indescriptibles, l’autoproduit La dernière incarnation fait figure de gros gibier, sinon de tête de série n° 1… Pensez aux Brillants à la puissance mille.
De la filière TVA atterrissent Gilbert Turp et Catherine Florent, entendus entre deux rires cannés à « Km/h » et « Caméra Café » ; le premier découvre la seconde inconsciente et l’emmène dans son condo de la rive-sud. Et alors ? Imaginez-vous donc Turp en comptable coincé, et sa nouvelle amie, en extraterrestre « qui lui parvient directement d’une existence antérieure ». On ne cherche pas vraiment à comprendre, mais paraîtrait que notre 450 était dans une autre vie un riche mésopotamien pas réglo avec son personnel et que son scribe soit revenu exiger réparation. En prime : une réincarnation, deux téléportations temporelles, des superpouvoirs permettant de passer d’un jargon ésotérique au français, deux men in black assortis et, ô perle, Stéphane Demers en voisin fatigant avec un accent gaulois bidon !
N’est pas Dans une galaxie près de chez vous qui veut : voilà un cas extrême de post-nanar bâclé comme ça ne devrait être pas permis, de blague de collégiens qui aurait dû rester au fond de la boîte des objets perdus et, surtout, la preuve par mille que tout ce qui est indépendant n’est pas nécessairement propre à l’exploitation.
© 2007 Charles-Stéphane Roy