jeudi 10 mai 2007

Critique "The Legend Of Bagger Vance"

The Legend Of Bagger Vance
de Robert Redford
2000
Paru dans Séquences


Alors que le golf, redevenu populaire par la présence du phénomène Tiger Woods, demeure un sport passionnant de stratégie et de suspense, The Legend Of Bagger Vance réussit à banaliser cette noble discipline en tentant, à l’instar de Field Of Dreams, de la sacraliser. À en croire les Américains, une expérience mystique se trame derrière chaque activité humaine ! Mais à la lumière du dernier film de l’irrégulier Robert Redford, force est de constater que le chemin menant à la rédemption peut être particulièrement assommant et ennuyeux...


Redford a décidément un faible envers les surdoués, et particulièrement ceux abritant une âme balafrée de vieux tourments. Le jeune prodige de son dernier film se nomme Rannulph Junuh (Matt Damon, toujours aussi peu crédible), un golfeur prolifique dont la carrière fut compromise par un troublant séjour dans les tranchées durant la Première Guerre mondiale.


Sollicité par une ancienne flamme (Charlize Theron, qui accumule décidément les rôles de potiches superficielles) pour sauver le Country Club de leur ville natale en proie avec la Grande Dépression, Junuh sortira de sa retraite le temps d’un ultime tournoi en affrontant deux des meilleurs golfeurs du pays. Et c’est ainsi qu’encouragé par Hardy (J. Michael Moncrief), un jeune admirateur, puis guidé par Bagger Vance (Will Smith), son mystérieux et philosophe caddie, que Junnuh parviendra à chasser ses vieux démons et redorer son étoile.


Soyons francs: depuis Havana, le cinéaste n’avait pas réalisé de divertissement aussi étonnamment insipide. Action soporifique, jeu caricatural - en dépit du caméo de Jack Lemmon, clin d’oeil à ce fanatique notoire de golf, spiritualisme bon marché et musique grandiloquente: on est effectivement loin de l’efficacité et la finesse de Quiz Show ou Ordinary People. The Legend Of Bagger Vance transpire le travail vite fait et trahit de flagrante manière l’embarrassante absence d’inspiration de Redford. L’ex-Golden Boy d’Hollywood saura-t-il retrouver sa drive ?


© 2007 Charles-Stéphane Roy