lundi 14 mai 2007

Critique "The Cooler"

The Cooler
de Wayne Kramer
2004

Paru dans la revue Séquences


Ancien copain d’armes de David Mamet, William H. Macy s’est gagné un fidèle auditoire à Hollywood avec ses multiples rôles de perdant sympathique, sa tronche anachronique et sa fausse bonhomie. Ayant également brûlé les planches et les plateaux chez Mamet, Alec Baldwin peaufine depuis des années son rôle de dur parano un rien charmeur, dans la lignée des Robert Mitchum et autre Lee Marvin. Ces acteurs de gabarit et de personnalité antinomiques se retrouvent ici pour la troisième fois, après l’excellent State and Main de leur dramaturge préféré, et reprennent leurs compositions routinières respectives dans ce premier film à mi-chemin entre l’hommage et le pastiche.


Macy incarne le « cooler », un professionnel mythique du Las Vegas époque Elvis sensé refroidir les mains heureuses des tables de jeu par sa seule présence et son aura malchanceuse. Forcé d’utiliser ce « don » afin de rembourser au patron d’un vétuste casino une forte dette de jeu, le cooler songe à quitter la ville et recommencer sa vie à la veille de conclure son engagement, ce qui n’est rien pour calmer la cupidité de son créancier légitime et vieil ami. Entre temps, le paumé se lie d’amitié avec une serveuse qui le somme de demeurer dans la capitale du vice un peu plus longtemps que prévu.


Au-delà d’une improbable histoire d’amour et de la somme faramineuse de clichés autour de ce réputé dépotoir d’artistes et temple de la vulgarité, The Cooler offre une plateforme de choix pour deux acteurs au sommet de leur forme – et la quintessence de leurs archétypes respectifs. Mais ne poussons pas notre chance trop hâtivement : il faudra subir les mouvements de caméra douteux et les dialogues écrits, qui viennent miner un ensemble manifestement enthousiaste de s’affronter si virilement tout en laissant ressortir, lors de quelques brèves scènes, la tendresse étouffée de leurs personnages. De l’honnête besogne, somme toute.


© 2007 Charles-Stéphane Roy