lundi 21 mai 2007

Critique "Effroyables jardins"

Effroyables jardins
de Jean Becker
2004
Paru dans la revue Séquences


Fort d’un récent doublé populaire – Un crime au paradis (2001) et Les enfants du marais (1999), Jean Becker renoue avec ses compères Jacques Villeret et André Dussollier ainsi que sa région du Rhône-Alpes pour l’adaptation d’un court livre de Michel Quint, qui s’est vendu un peu partout en Occident et dont le comédien Jean-Paul Farré en a tiré un émouvant one-man show en 2001. Après avoir passé entre les mains de Sébastien Japrisot et Guillaume Laurant (Le fabuleux destin d'Amélie Poulain), le scénario fut complété par Jean Cosmos, un habitué du giron Tavernier qui nettoya l’œuvre des régionalismes lorrains, où Quint vécu et assît son récit fortement inspiré de son grand-père, mineur et combattant à Verdun, et son père, instituteur et résistant.


Le petit Lucien déteste voir son père accomplir ses tours de clown lors des fêtes foraines jusqu’à ce que le meilleur ami de celui-ci lui dévoile les origines de cette curieuse vocation : capturés par les Nazis à la suite d’un acte de sabotage de fortune et jetés dans un trou avant leur éventuelle fusillade, tous deux furent témoin des acrobaties d’un soldat allemand qui fut clown avant d’endosser l’uniforme. Sauvés in extremis par le faux aveu d’un gardien de gare, une victime malheureuse de leur geste, les comparses tentèrent de retrouver leur dignité et accomplirent un devoir de mémoire par diverses prestations de clown. Comme quoi les pitreries peuvent faire renaître l’espoir même durant l’horreur de la guerre.


Malgré les inévitables comparaisons avec La Vita è Bella de Roberto Benigni, Effroyables jardins est plus proche du drame que de la comédie, du type qui désarçonne par ses changements subits de rythme et de ton tout en émouvant juste ce qu’il faut. Le résultat, légèrement distancé et longuet par moments, parvient toutefois à soutirer quelques sourires ici et là grâce à la complicité latente du duo Villeret-Dussollier.


© 2007 Charles-Stéphane Roy