vendredi 1 juin 2007

Critique "Suspect Zero"

Suspect Zero
de E. Elias Merhige
2004
Paru dans la revue Séquences


Préambule : Zak Penn trimbale le synopsis du rocambolesque récit d’un chasseur de tueurs en série depuis 1997, époque bénie pour tous les produits dérivés de Se7en. Pendant ce temps, le scénario subit plusieurs refontes, puis Sylvester Stallone, Ben Affleck et Tom Cruise – devenu co-producteur par la suite – manifestent tour à tour leur intérêt pour le rôle principal.


Voilà pour la grande histoire de cette fausse bonne prémisse, voici maintenant la petite : une distribution constituée des meilleurs acteurs secondaires hollywoodiens peine à donner sens à ce qu’il reste de l’idée originale (passablement ridicule au demeurant), qui tente paresseusement de nous faire croire que le FBI aurait expérimenté une technique de transe psychique permettant de détecter à distance la scène d’un crime et l’identité du criminel impliqué – voire même son numéro de téléphone.


Pour asseoir tout cela sur une base soi-disant solide, on tente ensuite de nous embobiner avec la fumante théorie du ˝ suspect zéro ˝, ce meurtrier modèle sévissant tellement au hasard qu’il en deviendrait possiblement insaisissable, alors qu’en pratique, nous avons ici affaire au degré zéro du film de slasher, où le présumé assassin passe plus de temps à faxer à l’enquêteur des pistes pour le retrouver, qu’à assassiner !


Et tandis que se déploie ce grotesque arsenal d’effets spéciaux éculés et de dialogues bon marché, on se surprend à nourrir des pensées telles que : « Taking Lives était-il si mauvais que ça ? » ou « Si le suspect principal est en voie d’éliminer tous les tueurs en série des Etats-Unis, pourquoi la police ne le laisserait-t-il pas terminer le sale boulot à sa place ? »… Heureusement, le résultat ne laisse présager aucune possibilité de suite : nous n’assisterons donc pas de sitôt aux exploits d’un tueur en série tuant des tueurs de tueurs en série.


© 2007 Charles-Stéphane Roy