vendredi 1 juin 2007

Critique "Želary"

Želary
de Ondřej Trojan
2005

Paru dans l’hebdo ICI Montréal


L'ÉCHO DES VIEUX MOUCHOIRS

Excellente pub pour la Czech Film Commission. Séduisante proposition à l’Académie hollywoodienne. Et le spectateur, dans tout ça ?


Au début de la Seconde guerre mondiale, une jeune résistante praguoise se voit contrainte d’adopter une nouvelle identité, d’épouser un robuste forgeron et de le suivre dans les montagnes à Želary, un bucolique village moravien, afin d’échapper à la Gestapo. Entre l’omniprésence de la menace nazie, des voisins épris d’Ancien Testament et l’arrivée chaotique des soldats soviétiques, l’amour s’installera entre eux le temps d’une paix tragique. Candidat malheureux à l’Oscar du meilleur film étranger l’an dernier, le Želary du tchèque Ondřej Trojan s’est toutefois repris à la maison en raflant deux Lions tchèques, dont celui remis à l’actrice Anna Geislerová, qui fait figure honorable au milieu de ce mélodrame romanesquissime aux violons insistants et à l’antagonisme bien déterminé. Ô surprise, le film fut sélectionné au dernier FFM… Belote.


Inspiré de faits réels abordés dans la nouvelle Jozova Hanule de l’auteure Kveta Legatova, Želary constitue une incursion inédite du cinéma est-européen sur le pacte faustien conclu par l’ex-Tchécoslovaquie avec l’armée stalinienne et ses répercussions sur les populations rurales. Mais embourbé par une trame linéaire et des personnages alambiqués, ces 142 minutes bien sages et prévisibles font à peine figure de Dogville ‘on location’ en mode Beaux Dimanches. Et à s’épancher si longuement sur les indécrottables intrigues secondaires de rigueur (un peu de violence domestique par ici, une délation publique par là, et n’oublions surtout pas quelques séances de viols avortées), Trojan, qui n’en est pourtant pas à sa première adaptation de Legatova, aura escamoté plusieurs tenants et aboutissants émotionnels qui auraient pu galvaniser d’un supplément d’âme et de singularité des personnages somme toute utilitaires. À preuve les apparitions furtives d’Iva Bittová, la Diamanda Galàs slovaque, dont les services ne furent même pas mis à contribution sur la bande sonore… Et rebelote.


© 2007 Charles-Stéphane Roy