vendredi 1 juin 2007

Critique "Clean"

Clean
de
Olivier Assayas
2005
Paru dans la revue Séquences


Après le passé (Les destinées sentimentales) et le futur (Demonlover), Olivier Assayas fait escale dans le présent et se la joue Clean, comme son titre l’indique. Il se frotte au mélo, genre codifié et mortifié par les innombrables ‘movie of the week’, mais surtout dans l’optique de servir le registre étendu de la superstar Maggie Cheung, et de lui permettre de se saisir d’émotion pour façonner son personnage de vedette rock d’autrefois qui doit redevenir sobre pour retrouver son fils, dont la garde est assurée par les parents de son mari tout juste décédé d’une overdose.


De motels en crèches, de Hamilton à Paris en bifurquant par Londres, on a ici affaire à du mélo international, qui se donne les moyens mais qui fait toc à la fois. Malgré son talent, on a du mal à sentir la déchéance du personnage de Cheung, si bien que si les autres autour d’elles n’en feraient pas mention, on saurait à peine quel est son tourment! Et cela est applicable également aux autres personnages : on a déjà plus rock’n’roll comme producteurs rock que Don McKellar, et on a apprit à toujours se méfier des sourires de Nick Nolte, en grand-papa gâteau. Et comme toujours, Assayas aime bien montrer qui sont ses amis, alors que Tricky et Dave Roback font de brèves apparitions que le réalisateur souligne deux fois plutôt qu’une, et on se demande encore pourquoi tant d’escales et de langues dans une histoire qui aurait gagné en simplicité… et originalité!


Est-on en présence d’un remake qui s’ignore? À peu de choses près, il s’agit ni plus ni moins que de la réécriture de Alice Doesn’t Live Here Anymore (1974) de Martin Scorcese, avec les mêmes rapports entre la chanteuse-serveuse et son petit diable de fils, et comme dur au cœur tendre, Nolte fait aussi bien que Kris Kristofferson. Mais du coup, référez-vous à l’original, plus dynamique et frondeur que ce tiède bouillon de poulet pour écorchés en mal de maux.


© 2007 Charles-Stéphane Roy