vendredi 1 juin 2007

Critique "Jiminy Glick in LalaWood"

Jiminy Glick in LalaWood
de Vadim Jean

2005
Paru dans l’hebdo ICI Montréal


La fuse Short

L’ex-Amigos se moque mollement de ses pairs plus célèbres… par envie ?


Jiminy Glick est ce vadrouilleur mondain obèse et obscène créé par Martin Short sur la chaîne câblée Comedy Central à la fin des années 1990. Souvent distrait, excédé ou carrément hostile, Glick parvenait à déstabiliser ses invités (des has been pour la plupart) et faire rager les promoteurs de junkets médiatiques aseptisés avec des commentaires déplacés et ses innombrables digressions sur les scandales de l’âge d’or hollywoodien.


Malgré des cotes d’écoute peu convaincantes (n’est pas Larry Sanders qui veut), Short en rajoute une couche au grand écran et fait atterrir son grossier personnage au Festival du film de Toronto, le Shangri-La du m’as-tu-vu. Sans surprise, Glick se met les pieds dans les plats dès le premier tapis rouge en étant mêlé à un meurtre qu’il confond avec celui de Johnny Stompanato dans la villa de Lana Turner en 1958, incident ayant déjà influencé un certain Lost Highway…Ça tombe bien, David Lynch (Short, avec beaucoup de maquillage) est en ville et ses obsessions ne connaissent aucun couvre-feu !


L’intrigue, on l’aura deviné, n’est jamais qu’accessoire, galvaudée entre des improvisations qui tournent en rond, plusieurs caméos forcés et des flatulences en cascade relevant plus du Nutty Professor que de Stardom. La satire culturelle n’aura jamais vraiment souri au chétif humoriste, moins analytique et observateur que Christopher Guest (Spinal Tap), son ancien collègue à Saturday Night Live; pas étonnant, vu l’affection du petit homme pour le cabotinage à outrance à l’époque de SCTV.


On pourrait prétendre que Short partage avec son excessif alter ego le même désir d’être pris au sérieux par la gente people en faisant des pieds et des mains malgré un talent limité et un physique hors-normes. Plus subtil que Coco Douglas mais moins cinglant que Ginet Robidoux, Jiminy Glick reste finalement un paparazzo de l’âme bien seul, que certains se plaisent trop souvent à côtoyer pour mieux le repousser.


© 2007 Charles-Stéphane Roy