de Mike Binder
2005
Paru dans l'hebdo ICI Montréal
BUT SUR BALLES
Après 3 essais sur le baseball, Kevin Costner avance d’à peine 90 pieds.
Mascotte All-American de la fin des années 1980, l’ex-Bodyguard Kevin Costner affichait de dramatiques statistiques depuis A Perfect World en s’élançant sur des offrandes faciles à la moindre occasion, question de pouvoir continuer à régler l’ardoise des graines de tournesol et des exfoliants capillaires. De son côté, l’humoriste Mike Binder tentait tant bien que mal de prouver aux Majors qu’il est plus qu’un clone de Dennis Miller depuis l’inoffensif Coupe de ville. Il restait à insérer une Joan Allen hostile à souhait dans la formation et voilà qu’on peut presque parler d’un sleeper hit.
Véritable panthéon de la comédie familiale cathartique réminiscente des années Clinton, The Upside of Anger malaxe sans complexe tout le venin d’American Beauty au récent modèle de désespoir chic des Desperate Housewives. Déclinée dans toutes ses humeurs inimaginables, notre bourgeoise délaissée noie ici sa peine dans les Vodka tonic tout en saccageant son trousseau Martha Stewart devant les quatre filles de son docteur March de mari qui se serait tiré avec sa secrétaire suédoise. Ce qui tombe pile pour notre Gary Carter déchu, habitué à cacher derrière son micro de radio une retraite passée à enfiler les Budweiser et autographier des bâtons de baseball pré-emballés ; sa réconfortante présence permettra à la dame de partager son vice tout en dispensant ses filles de quelques crises d’hystérie de plus.
Comme famille reconstituée, on aura vu pire, et malgré l’absence de scrupules à nous servir autant de restants de table, nous n’aurons d’yeux que pour Allen et Costner qui en font des tonnes dans ces faux contre-emplois sauvés par les dialogues acérés de Binder, visiblement amusé à l’idée de torpiller une vacherie au milieu d’une blague ou amortir les engueulades par une futilité. À part ça, rien pour écrire à son gérant, sinon que K.C. s’est acheté quelques manches supplémentaires et que l’herbe n’est plus du tout verte chez la voisine, quand bien même son gazon serait synthétique.
© 2007 Charles-Stéphane Roy