jeudi 5 février 2009
Critique "La vie comme elle va"
LA VIE COMME ELLE VA
de Jean-Henri Meunier
2007
Paru dans la revue Séquences
Jean-Henri Meunier est un réalisateur d’expérience ayant surtout œuvré pour la télé en dirigeant des portraits de musiciens tels Lord Yehudi Menuhin, Dizzy Gillespie, Khaled et Jacques Higelin. Il semblerait qu’il en a eu marre et que sa famille et lui aient quitté un beau jour Paris à la faveur des flancs aveyronnais.
D’où choc et envie de témoignage, même si écouter ses nouveaux voisins n’ait plus grand chose à voir avec ses rencontres des maestro en coulisses, au savoir et à la verve bien articulés. En fait, cette Vie comme elle va s’inscrit dans la lignée de films qu’on pourrait presque qualifier de slow docs, ces tranches de vies communales glanées sur une longue période de temps, à la manière des récents Être et avoir ou à notre Roger Toupin, épicier variétés.
Pour apprécier pleinement cet environnement reculé, il faut faire fi de la propension du cinéaste à se la jouer bucolique, assurant sans gêne aucune sa pâmoison envers les « petites gens » animant cette fanfare municipale, divisée principalement entre les retraités aux petits bonheurs consciencieux et des sans-le-sou poétisant les vertus de la nature et l’orfèvrerie de l’oisiveté.
Entre tout ça, Meunier jette sur son chemin quelques plans carte postales à la volée et autres scènes de la vie animale, jardinant un propos plus foin que fleur, émerveillé qu’il est devant chaque sursaut de ces ruraux tellement pittoresques, quitte à nous faire boire sans nous ménager les paroles les plus anodines, que Meunier confond comme tout bon citadin désensibilisé avec de la philosophie de terroir.
Là où Nicolas Philibert parvenait, par de judicieux choix de montage et de personnages, à atteindre l’équilibre entre la représentation et la critique des mœurs villageoises dans un contexte élargi (l’éducation universelle), Meunier se contente de faire une étroite apologie du climat champêtre comme remède à notre besoin latent d’authenticité en tant que citoyens du monde. Au bout du compte, la vraie liberté reste une vue de l’esprit, peu importe le sol que nous foulons.
© 2007 Charles-Stéphane Roy